Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que je respectai, moi, et que tu voulus souiller ! Mais regarde-la donc et regarde-toi ; la santé parfume son corps comme une rose et je l’aime. Comprends-tu, ce que cela veut dire aimer, savantasse ? Ce n’est pas du grec, çà hein, sinon tu baverais dessus un commentaire. Ha, tu professes la calomnie ; eh bien ! je ne veux pas de tes leçons, je n’ai pas quinze ans, mais je te chasse. Va te plaindre à mon père et s’il te donne raison, je sortirai d’ici, mais avant de partir je t’aurai mis en morceaux, et ce sera pain bénit, car tu es une sottise dangereuse, une méchanceté doublée de latin. Tu m’ennuies depuis trop longtemps à vouloir m’expliquer des choses que tu n’as jamais comprises. Donc prends ta tabatière, tes lunettes, ton Horace et décampe. »

Le pédant n’osa pas ne point partir.


XIII.


Dix ans après, Ottevaere avait oublié sa jeune amie mariée d’ailleurs depuis quatre ans ; il causait sur la place du Marché au Vendredi à Gand, avec l’un de ses amis,