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à son père, mais qu’il se tait pour n’oser parler ; elle s’approche de lui et lui dit à l’oreille : Ne crains rien, Isaac, mon père est si bon.

Ha ! comme au fond de son cœur Wildensteen enverrait bien loin ce père qui est si bon ; mais il est trop tard, Hermann l’observe attentivement, il regarde aussi sa fille et voit qu’elle est troublée.

— Qu’est-ce donc, lui dit-il, que Monsieur de Wildensteen peut avoir à craindre et qu’a-t-il à faire de ma bonté ?

— Courage Isaac, dit Anna.

— Pourquoi demande Hermann, appelez-vous M. Wildensteen Isaac tout court.

— Ce n’est pas moi qui vous le dirai, répond Anna en s’enfuyant confuse.

Hermann regarde Isaac qui se troublant de plus en plus, dit ce qu’il ne veut pas dire, et bégaie : Oui, oui, certainement j’ai cru, j’ai pensé, mademoiselle votre fille, je l’aime et si…

Hermann sourit : Bon jeune homme, dit-il, faut-il faire tant de façons, pour demander en mariage la fille d’un pauvre homme.

Isaac tressaille à ces mots ; la peur lui a déjà fait faire toutes sortes d’honnêtes réflexions, il s’est dit qu’après tout