Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’eau, mais qu’avec l’aide de Dieu et celle de Braf, on avait pu l’en retirer à temps.

— Ce Braf est une bien bonne bête, répondit Anna.


VI.


Isaac de Wildensteen avait un caractère assez bizarre, il était beau, riche, assez jeune, point méchant, il connaissait le jargon qu’il faut parler à certaines femmes, avait plus de sens que de cœur et eût été un Don Juan terrible s’il avait été moins couard : mais Isaac était de ces beaux coqs de boudoir qui ont plus de crête que d’éperon et préfèrent s’abstenir de galants triomphes plutôt que de risquer d’être blessés en l’honneur de deux beaux yeux : peut-être même se fut-il marié pour éviter l’épée ou le bâton d’un père désireux de venger sur un séducteur la honte d’une fille abusée.

Un jour, par une belle matinée de juin, un clair soleil versait à flots sa lumière dans la longue salle à trois croisées où se tenaient d’habitude Hermann et Anna ; Hermann lisait sa bible sous le manteau de la cheminée, Anna cousait près de l’une des fenêtres ; quelques morceaux