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cet idéal dont Christus lui avait chaudement parlé en un moment d’enthousiasme, non sans manquer d’ajouter, qu’elle lui ressemblait tout à fait.

Louise doutait cependant de l’entière vérité de ces rassurantes paroles. Elle s’effrayait pour son bonheur futur, de l’imagination trop chaude et parfois capricieuse de Christus ; elle l’eût voulu un peu moins sculpteur et beaucoup plus menuisier : elle n’osait formuler très-nettement, dans son esprit, cette vague appréhension que Christus pourrait bien, un jour, trouver à la ville ou ailleurs, un portrait de son idéal plus ressemblant et surtout plus jeune qu’elle et qu’alors… mais se disait-elle pour se rassurer, Christus est honnête, il ne voudrait pas me tromper.


XI.


Un lundi d’avril, Christus alla à Bruxelles dans l’intention d’y acheter du cœur de sorbier, pour un coffret dont il avait pleine permission de faire un chef-d’œuvre ; l’amateur ne regardait pas au prix.

Christus descendait, en rêvant, la rue de la Madeleine. Il se disait : « Je ferai ce coffret de telle et de telle façon, je