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— Moi aussi, répondit-il, j’ai à vous parler. Il se recueillit un moment, sonda son cœur, sa conscience, le bien qu’il avait pensé de Louise, le mal qu’il en pouvait croire ; il s’interrogea loyalement afin de ne prononcer que des paroles de vérité. Cela dura une seconde, — le tonnerre grondait toujours :

— Louise, dit-il, je ne sais quel dieu ou quel démon a fait que ce qui s’est passé entre nous se soit passé ; Louise, je ne venais point pour vous, dans la maison de vos frères, et cependant j’éprouvais du plaisir à vous voir. Vous avez, malgré vous, par désolation plus encore que par ruse, voulu me tendre un piège. Je ne vous en estime pas moins pour cela.

— Il me comprend, s’écria-t-elle radieuse.

Ils étaient assis l’un en face de l’autre, accoudés sur une table et la lumière entre eux.

— Oui, je te comprends, repartit Christus ; j’ai entendu sous tes paroles, des paroles que tu ne disais pas et qui étaient bonnes ; je me suis expliqué ce que m’a dit et ce que me dit encore ce cœur qui bat si fort maintenant dans ta poitrine. Tu n’es pas ce que tu paraîtrais à d’autres yeux que les miens, et tu ne ferais plus ce que tu as fait.

Louise pleurait de douces larmes : — Que tu es bon, disait-elle.