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belges et africains



Pauvre petite Netta, lancée sur le canal de Willebroek, tu te balançais doucement sur ses eaux tranquilles, entre les rives régulières, couvertes d’une herbe sage, et au dessus de toi les peupliers formant comme un rideau, remuaient à peine du frissonnement prudent de leurs feuilles les gazes grises du ciel du nord, qui tamisent le pépiement des moineaux.

Et puis tout à coup le décor a changé. Transportée sous le soleil de l’Afrique, tu as été entraînée sur ses fleuves violents à travers la forêt infinie où, dans les baobabs, éclatent les cris rauques des perroquets multicolores, où hurlent les chacals et les hyènes, où bondissent les singes et vivent les éléphants, et, te glissant sous les lianes énormes aux fruits empoisonnés, entrecroisées et confondues avec les serpents, toi, d’abord entourée des guirlandes légères que forme le houblon avec ses fils tenus et les joyeux