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a point qui ne ſoient fondez ſur leurs avantages reciproques, & lorſqu’ils ne les y trouvent pas, ces traitez ne ſubſiſtent gueres, & ſe détruiſent d’eux-mêmes : ainſi le grand ſecret de la Negociation eſt de trouver les moyens de faire compatir ces communs avantages, & de les faire marcher, s’il ſe peut d’un pas égal, il faut même que le plus puiſſant de deux Souverains qui traitent enſemble, faſſe les premieres avances, & les dépenſes neceſſaires pour acheminer cette union, parce qu’il a en vûë de plus grands objets & des avantages beaucoup plus conſiderables, que l’argent qu’il employe à donner des ſubſides à un Prince inferieur & des gratifications ou des penſions à ſes Miniſtres, pour l’engager à l’aider de ſes forces & à favoriſer ſes deſſeins.

Si un Negociateur neglige les voyes honnêtes, & celles de la raiſon & de la perſuaſion pour prendre des manieres hautaines, & qui ſentent la menace ; il faut qu’il ſoit ſuivi d’une armée prête a entrer dans le pays où il negocie