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Un grand homme[1] a dit dans le traité qu’il a fait des interêts des Princes de l’Europe, que les Princes commandent aux Peuples, & que l’interêt commande aux Princes. Mais on peut y ajoûter que les paſſions des Princes & de leurs Miniſtres commandent ſouvent à leurs interêts.

On en a vû pluſieurs qui ſe ſont laiſſé entraîner dans des engagemens très-préjudiciables à leur Etat, & à eux-mêmes, & il ne faut pas s’en étonner, puiſque des Nations entieres font les mêmes fautes, & ſe ruinent pour ſatiſfaire leur haine, leur vengeance & leur jalouſie, qui ſont des paſſions ſouvent fort oppoſées à leurs veritables interêts. Il ſeroit aiſé de le prouver par des exemples modernes, ſans avoir, recours à l’Hiſtoire ancienne, & ces exemples pourroient ſervir à faire connoitre que les hommes n’ont point de maximes fermes & ſtables, qu’ils agiſſent plus ſouvent par paſſion & par temperament que par

  1. Le Duc de Rohan.