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qu’un a réüſſi par la ſeule force de ſon genie, ſans étude & ſans connoiſſance des affaires publiques, c’eſt un exemple ſi rare qu’il ne peut & ne doit pas tirer à conſequence, ni faire choiſir un ignorant pour lui confier le ſoin d’une negociation importante, ſi on ne veut ſe mettre en danger de la voir échoüer entre ſes mains.

Les grandes Cours ne rempliſſent pas toûjours leurs Ambaſſades de leurs meilleurs ſujets, & elles ſe contentent d’y en envoyer de mediocres qui les ſollicitent & les obtiennent, pendant que les bons eſprits & les genies ſuperieurs qui ſeroient ſi utiles dans ces emplois les évitent aulieu de les rechercher, pour s’attacher auprès de la perſonne du Prince, parce que les récompenſes y ſont beaucoup plus grandes & plus frequentes & que l’on y oublie ſouvent les abſens, ce qui leur fait regarder une Ambaſſade comme un honorable exil.

Pour remedier à cet inconvenient, les Princes & les Etats qui veulent être