Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/232

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les connoiſſances neceſſaires à former un bon Negociateur.

On doit encore moins employer un homme qui a paſſé la meilleure partie de ſa vie à ne rien faire dans aucune ſorte de profeſſion, & qui ſe ſert du credit de quelque parent ou de quelque ami puiſſant pour obtenir un emploi étranger, faute d’autres moïens de ſubſiſter dans ſon propre pays, où il a ſouvent diſſipé mal-à-propos tout ſon bien. Ceux qui ſe chargent de placer de tels ſujets dans des emplois auſſi délicats & auſſi difficiles, ſont reſponſables devant Dieu & devant les hommes de tous les préjudices qu’ils y cauſent aux affaires du Prince ou de l’Etat qui les y employe, & c’eſt une des plus grandes fautes qu’un Prince ou un principal Miniſtre puiſſe commettre contre les maximes du bon gouvernement, que d’employer des gens incapables chez des Princes & Etats Souverains ; il faut y envoyer les meilleurs eſprits, les plus ſages & les mieux inſtruits des affaires