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arrivent ſouvent entre ceux même qui ſont unis par leurs communs interêts & par leurs Traitez, & il eſt de ſa prudence, de ne pas toûjours mander cruëment au Prince qu’il ſert tous les effets de chagrin & d’impatience qui échappent au Prince avec qui il negocie lorſqu’il n’en prévoit aucun ſuite fâcheuse, & qu’ils partent plûtot de ſon humeur que de ſa mauvaiſe volonté. S’il croit neceſſaire d’en rendre compte, il eſt bon qu’il les excuſe, ou qu’il le adouciſſe, afin d’être à portée de redreſſer ce qui eſt capable de les brouiller, ſur tout qu’il prenne garde d’imiter certains eſprits vains & pointilleux, qui croyent qu’on ne leur rend jamais aſſez d’honneurs, ſuivant la fauſſe idée qu’ils ſe ſont formée de leur propre merite, & de ce qu’ils croyent ếtre dû ou à leur naiſſance ou a leur dignité. Les Ambaſſadeurs de ce caractere ne ſont propres qu’a brouiller le Cours où on les envoye avec leur Prince par les relations paſſionnées qu’ils lui font, ils