Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deſſe de ſon humeur, qui aigrit & aliene les eſprits, & il érige ſouvent en affaires d’importance des bagatelles & des prétentions malfondées, dont il ſe fait des eſpeces d’entraves qui l’arrêtent à tous momens durant le cours de ſa negociation.

Il y a dans la maniere, de negocier une certaine d’exterité qui conſiſte à ſavoir prendre les affaires par les biais les plus faciles, ce qu’un Ancien exprime ainſi[1] : Chaque choſe, dit-il, preſente deux ances, l’une qui la rend très-aiſée à porter, & l’autre très-mal-aiſé, ne la prends point par la mauvaiſe, car c’eſt par où tu ne ſaurois ni la prendre ni la porter ; mais prends-la par le bon côté, & tu la porteras ſans peine.

Le moyen le plus ſûr de prendre la bonne ance, eſt de faire en ſorte que ceux avec qui on traite, trouvent leurs interêts dans les propoſitions qu’on leur fait & de les leur faire connoître non ſeulement par

  1. C’eſt Epictete dans ſon Manuel