Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

anges ; il faut que celles qu’on leur donne ſoient ingenieuſes & bien placées pour être reçûës agreablement, ils reſſemblent en cela à ces hommes friands, qui ſe ſont rafiné le goût par le long uſage des méts les plus delicieux, & leurs Courti‚ans ſont ſans ceſſe occupez à leur apprêter des loüanges bien aſſaiſonnées.

C’eſt le plus grand art d’un habile Courtiſan, que de ſavoir loüer bien à propos. Le meilleur moyen d’y réuſſir eſt de ne donner jamais fauſſes loüanges, c’eſt-à-dire, de ne pas attribuer à un Prince de belle qualitez qu’il n’a point, de relever & de faire valoir celles qu’il a, & de ne le loüer que dans les choſes qui ſont veritablement loüables.

Il ſeroit donc à ſouhaiter qu’on ne s’amusât point à loüer, du moins que legerement, les Princes ſur leurs richeſſes, ni ſur la beauté de leurs maiſons, de leurs meubles, de leurs bijoux ; de leurs habits, & autres