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pour y ſoutenir ſes prétetions, ſans cela il peut comptper qu’elles n’y ſeront pas reçûës, quand mêmes elles ſeroient avantageuses au Prince à qui il les propoſe de cette ſorte.

Lorſqu’un Prince ou un État eſt aſſez puiſſant pour donner la loi à tous ſes voisins, l’art de la Negociation devient inutile, parce qu’il n’y a qu’a expliquer les volontez ; mais quand les forces peuvent être balancées, un Prince libre ou un État independant ne ſe détermine à favoriſer l’un des deux partis qu’a cauſe des avantages qu’il y trouve, & des bons traitemens qu’il en reçoit.

Un Prince qui n’a plus d’ennemis capables de s’oppoſer à ſes volontez, impoſe des tributs aux autres Puiſſances voiſines, mais un Prince qui travaille à s’agrandir, & qui a de puiſſ{ans ennemis, doit répandre & donner à ſes inferieurs pour augmenter le nombre de ſes amis & de ſes alliez, & il ne doit faire ſentir ſa puiſſance, que par ſes bienfaits.