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Pour y finir mes jours.


Simple afin que son charme à mes yeux mieux sourie,
Pour y finir mes jours j’aimerais un abri
Près d’un ruisselet clair longeant une prairie :
On y serait conduit par un sentier fleuri.

Les branchages feuillus et l’ombre fraîche et douce
De deux vieux marronniers s’étendraient près du toit
Dont les tuiles grimpant sous de riantes mousses
Couvriraient un étage à peine haut, étroit.

Des rosiers, lys, lilas, un gazon, une treille
Où, sur un banc, j’irais lire des chants divins
Et voir mûrir en août quelques grappes vermeilles
Uniment orneraient mon tout petit jardin.

Mes rêves éloignés de nos vilaines proses,
La voix d’une fontaine en bercerait l’azur
Et d’avril, au verger, les pétales blancs-roses
Sauraient en rajeunir le sourire encor pur.

L’âtre serait en fête où monterait la flamme
Ce pendant que, l’hiver, causant des jours défunts
Et de notre jeunesse, avec toi, chère femme,
Nous en évoquerions aussi les doux parfums.

Mes enfants, mes amis, dans cet abri modeste
Viendraient et tous partageraient notre bonheur :
C’est la joie et l’amour que leur dirait mon geste,
Puis, les voyant partir, l’ennui et la langueur.

Le ciel m’accorderait en outre cette grâce
D’y pouvoir secourir les malheureux passants :
Je mettrais du pain tendre en leur maigre besace,
Nul d’eux ne frapperait à mon seuil vainement.