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Et, demeurant quand même à son rythme attaché,
Il dénouait avec une heureuse folie,
Sa colonnade rose où se tenait penché
Un soir tout à la fois de France et d’Italie.

À force de fleurir accablés de douceurs,
Un rang de lis tendant à l’azur qui les baigne
Leurs calices tachés d’ineffables rousseurs,
Sur leur blancheur gardait le jardin clos où règne

Une vigne enroulée en flexibles berceaux,
Et, charme des pigeons familiers sur les tombes !
Des enfants au soleil, à travers les arceaux,
S’ébattaient comme un peuple innocent de colombes.

Ah ! lassé de la vie et des hommes, auprès
De ton église qui m’accueille, un clair dimanche,
Puisse, cloître amical, entre tes chers cyprès
Où plie une moisson de fleurs dorée et blanche,

Mon cœur, impatient de fuir un siècle dur,
Trouver enfin la mort harmonieuse et belle,
Par un après-midi de vêpres et d’azur,
Et s’embaumer vivant dans ta paix éternelle !

(L’Arbre qui saigne.)

Le Bateau chargé d’oranges.

C’était un bateau chargé d’oranges
Amarré dans le port du canal.
Sur l’eau huileuse, morne et plane,
Allongé comme une bête géante,
Il sommeillait, et parfois sa coque lourde,
Sans rames, voiles ni mâture,