Et l’on dirait que, sous son poids fragile et pur
Affaissée et rompue et relevée ensuite,
Infaillible à décrire en courbes sur l’azur
Une tresse de fleurs prolongeant sa poursuite,
Quelque longue guirlande au feston retourné
Sur sa mélodieuse allure te déroule,
Et rassemble selon son ordre fortuné
Le nombre sans défaut d’où ta grâce découle.
L’heure brûle, tranquille et vermeille, et midi,
Sur la tuile où ne vient l’ombre d’aucune feuille
Jouer avec le vent qui retombe, engourdi,
Dans la bonne chaleur de juillet se recueille.
Je vais, et je te sens m’insinuer au cœur
Ta cadence immortelle et ta noble indolence,
Et, comme un air chanté sur le mode majeur,
Je t’écoute frapper dans mon âme en silence
Un accord sans limite et quatre fois borné
À la mesure exacte et pourtant infinie
Qui te tient sans effort à toi-même enchaîné
Et te fixe à jamais dans ta libre harmonie.
Et par cent ailes d’or j’entendis résonner,
Annonciation tendre et mélancolique !
Tes cloches qui soudain sur moi firent planer
Le battement épars de leur vol angélique.
Contre le ciel limpide où vous veniez heurter,
Vous passiez, vous chantiez, cloches dominicales
Qui rendiez argentin à vous répercuter,
L’air où se propageaient vos ondes musicales.
Et le cloître tintant de leur vol éperdu
Paraissait par degrés s’enlever de la terre,
À cet alléluia sonore suspendu,
Comme un oiseau divin monte dans la lumière.
Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/26
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