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LE BARON DE SAINT-CASTIN

six habitants. L’article 6 des instructions qu’il donnait au conseil se lisait : « Vous prendrez possession des maisons. terres, moulins, etc., appartenant à M. St. Casteen et rendrez compte des améliorations à exécuter quand demande en sera faite ».

À la suite de quoi, Phipps rentrait à Boston, tout fier de son facile exploit, avec l’intention de préparer une formidable expédition contre la Nouvelle-France.

On connaît l’histoire. À l’automne de 1690, Phipps conduisait vers Québec 34 vaisseaux, montés de 2 300 hommes. Il trouva à qui parler et la réponse que lui fit Frontenac « par la bouche de ses canons », lui plut médiocrement. Il partit, sans demander son reste et, sur la route du retour, perdit une partie de sa flotte en mer.

On sait moins que Frontenac, loin d’être pris au dépourvu, attendait Phipps de pied ferme, ayant été prévenu par un courrier de Saint-Castin. En effet, Frontenac écrivait au ministre, le 12 novembre 1690 :

« J’allois m’embarquer pour Montréal lorsque je reçus le 10 octobre à 3 heures après-midi une lettre du major de Québec, par laquelle il me donnoit avis qu’un Abénaquis considérable du côté de l’Acadie étoit venu exprès par ordre de sa nation, pour m’avertir qu’il y avoit plus d’un mois qu’il était parti de Boston une flotte très nombreuse avec beaucoup de troupes dessus, dans le dessein de venir attaquer et prendre Québec » 3.


— II —


Villebon. — Les deux adversaires, Nouvelle-France et Nouvelle-Angleterre, venaient de fournir un effort considérable. Il y eut un temps d’arrêt dans les entreprises guerrières, sauf chez les Abénaquis. Ainsi que l’écrit Bacqueville de la Potherie (vol. III, p. 86), ils portèrent le fer et le feu jusqu’aux portes de Boston « ayant toujours été maîtres de la campagne : et quand j’avancerois que quarante Abénaquis se battirent contre six cens Anglois qu’ils mirent en fuite après leur en avoir tué quantité, c’est un témoignage que je rends à ces guerriers qui sont les plus redoutables ennemis de cette nation ». Le brave Bacqueville résume l’histoire avec quelque brutalité, mais, dans l’ensemble, il a raison 4.


M. de Menneval, dégoûté de son commandement, en fut enfin relevé. Il eut pour successeur un Canadien né