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LE BARON DE SAINT-CASTIN

(il s’en allait à l’assaut de Casco avec Portneuf), que 200 sauvages étaient dans le fort et que les sentinelles avancées tirèrent plusieurs coups de mousquet sur son parti le long du rivage ».

Un nommé Laverdure, fait prisonnier, donna, sur Port-Royal, des renseignements si encourageants pour les Anglais qu’ils s’y rendirent incontinent.

Ces renseignements avaient de quoi donner de la bravoure à un homme appuyé de huit vaisseaux montés de 700 à 800 hommes. À en croire Charlevoix, Menneval, déjà abattu par la maladie, avait alors pour toute armée 86 hommes de garnison, 18 canons en mauvais état, dans un fort en pleines réparations, et il ne lui restait aucun officier. Priée de participer à la défense, la population, habituée à ces événements et connaissant d’avance le résultat final, ne voulut pas s’exposer inutilement à de lourdes représailles. Trois habitants seulement répondirent à l’appel.

Le 19 mai, un trompette débarqué par Phipps sommait Menneval de se rendre. Résigné à son sort, le pauvre gouverneur envoya l’abbé Petit, à défaut d’un officier, négocier la capitulation. Petit obtint des conditions honorables. Le gouverneur et ses troupes sortiraient avec armes et bagages et seraient conduits en terre française. Les habitants devaient garder leurs biens et leurs droits, y compris la liberté de conscience. Sir William refusa, toutefois, de s’engager par écrit ; sa parole de général suffisait. L’abbé Petit était sceptique, ainsi qu’il l’écrivait plus tard : « Il y a bien de l’apparence que Phipps prit dès alors la résolution de tout accorder et de ne rien tenir ». Le lendemain, Phipps renouvelait ses promesses, en présence de Menneval et de Gouttins, sur son navire-amiral, le Six-Friends.

La « parole de général » ne tint pas longtemps, ainsi que le redoutait Petit. Ayant débarqué 450 hommes et constaté la faiblesse de la place, Phipps allégua le prétexte de quelques marchandises cachées dans les bois pour y manquer. Il désarma la garnison et l’enferma dans l’église, puis il constitua prisonniers, sur un navire, Menneval, le curé Petit et son vicaire, Claude Trouvé 2. Phipps réunit les habitants à l’église. Sous la menace de brûler leurs maisons et de les expatrier, il les força à prêter « serment de fidélité aux rois d’Angleterre Guil-