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CHAPITRE V


LES SAUVAGES DE SAINT-CASTIN
AU SECOURS DE LA FRANCE


— I —


Phipps.Sir William Phipps devenait commandant militaire à Boston.

Ce pittoresque aventurier, né le 2 février 1650, à Woodwink sur la Sheepscot, était fils d’un colon, père de 26 enfants dont 21 garçons, qui exerçait parfois le métier d’armurier et qui mourut jeune. William, ne sachant ni lire ni écrire, garda les troupeaux jusqu’à l’âge de 13 ans, puis aida sa mère dans l’exploitation de sa ferme. Entré en qualité d’apprenti chez un charpentier de navires, à 18 ans, il y prit le goût de la mer ; ensuite, embarqué avec un forban, il rencontra la fortune aux environs de La Plata, où il trouva un galion espagnol coulé et rempli d’or. Au retour de ce voyage, riche de 300,000 livres, il épousa une demoiselle Spencer, veuve de John Hull, marchand de Boston, bien nantie elle aussi des biens de ce monde. En conséquence de quoi, le bon roi d’Angleterre le fit chevalier et « shérif de la Nouvelle-Angleterre ». La patente lui coûtait plusieurs centaines de guinées, note l’honnête Mather.

En 1690, on l’improvisait amiral, moins pour ses connaissances navales que parce qu’il équipait la flotte à ses frais.

« L’amiral Guillaume Phipps, homme de fortune et d’un mérite proportionné à sa première condition de charpentier », ainsi que dit Charlevoix, mettait à la voile pour l’Acadie, dans les derniers jours d’avril. Le jeudi 1er  mai, lit-on dans le journal de l’expédition 1 à dix heures du matin, « nous jetions l’ancre aux Monts-Déserts, lieu du rendez-vous ; dans la soirée, le capitaine John Alden, qu’on avait chargé d’aller reconnaître les îles et d’observer le fort Penobscut et de s’enquérir au sujet de Casteen rapporta que Casteen était parti de là