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LE BARON DE SAINT-CASTIN

La ville s’ouvre sur la forêt par un sentier bordé d’une clôture de chaque côté. Un Anglais s’y aventure et tombe sous les coups des sauvages en embuscade. Clark se porte sur les lieux avec cinquante hommes. À peine est-il sorti de la ville que « les nôtres, qui les voient venir, font leur décharge de dix pas, puis, sans leur donner le temps de se reconnaître, fondent sur eux l’épée et la hache à la main, et profitent si bien du désordre, où deux attaques si brusques les ont mis, qu’il n’en rentre que quatre dans le fort, encore sont-ils blessés ». C’est ce que raconte Charlevoix. Selon Mather, seuls Clark et treize de ses hommes restent sur le terrain 39.

Français et sauvages donnent l’assaut. L’énergique résistance des quatre fortins force les assaillants à reculer. Mais, le soir, manquant de munitions, leurs défenseurs se réfugient dans le fort, à la faveur des ténèbres 40.

Le lendemain matin. 26 mai 1690, Portneuf somme le commandant de se rendre, « lequel répond qu’il est résolu de se défendre jusqu’à la mort » 41. Portneuf est embarrassé. Frontenac ne l’a pas autorisé à entreprendre le siège d’une place, mais seulement à causer des dégâts dans les campagnes.

Sur ce, Hertel arrive. Parti des Trois-Rivières à la tête du troisième parti organisé par Frontenac, il a pris Salmon-Falls (Sementels, dans Charlevoix). Ayant appris, sur la route du retour, que Portneuf se trouve à deux journées de marche, il a résolu de lui prêter main-forte. Il annonce sa victoire à son compagnon, et celle de Sainte-Hélène à Corlaer.

Puisque les autres ont pris des places, Portneuf juge qu’il le peut aussi. « Il lui fâchoit fort de s’en retourner avec moins de gloire que ses collègues ». Et puis, avec Hertel, il a une forte troupe à sa disposition. Il attaquera. Le siège dure cinq jours.

Dans la nuit du 27 au 28, les assiégeants se postent au bord de la mer à cinquante pas de la place (nous suivons ici le récit de Charlevoix), « et se couvrent d’une espèce de morne fort escarpé, où ils n’ont rien à craindre du canon. La nuit suivante ils ouvrent la tranchée ; les Canadiens, non plus que les sauvages, n’ont nulle expérience de cette manière d’attaque ; mais le courage et le désir de vaincre suppléent à ce défaut d’habileté. Tous travaillent avec une ardeur extrême, et comme ils ont heureusement trouvé dans les forts abandonnés (c’est-à--