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LE BARON DE SAINT-CASTIN

C’était au mois de septembre. Le capitaine Gendal s’était rendu à North-Yarmouth, près de la maison d’un nommé Royall transformée en caserne, afin d’y élever une palissade en prévision des attaques. Tout à coup, un prisonnier anglais, échappé aux sauvages, arriva à la course, annonçant l’approche de l’ennemi. Pris de panique, les soldats s’enfuirent, traversèrent la rivière et tombèrent aux mains de 70 à 80 Indiens. De Casco, établissement situé tout près de là, des colons venus à la rescousse mirent les Indiens en fuite après un combat acharné et délivrèrent bon nombre des leurs.

Le lendemain matin à l’aurore, croyant les sauvages partis, Gendal, suivi d’un valet, se risqua hors de la palissade. Des broussailles environnantes jaillirent des Abénaquis qui tuèrent les deux blancs. Le même soir, John Royall était capturé et un autre Anglais, tué. Saint-Castin, alors commandant des sauvages, rendit la liberté à Royall en échange d’une rançon 22.

Les Indiens marchèrent ensuite sur Casco, mais ils furent repoussés. Quelques jours plus tard, ils paraissaient à Merry-Meeting. où ils incendièrent les maisons et massacrèrent les habitants. Ayant ainsi manifesté leurs intentions, ils rentrèrent chez eux.

Les Anglais hâtèrent le rétablissement de leurs garrison-houses. Rentré à New-York et désireux d’éviter à tout prix une guerre dont il aurait porté la responsabilité à cause de sa randonnée sur Pentagoët, Andros libéra les prisonniers de Blackman. Il les renvoya avec leurs armes, sans autre forme de procès.

Cet acte de clémence fit gronder la colonie, d’autant que les tribus ne répondirent en rien à ces avances. Alors, le pauvre Andros changea de tactique. Le 20 octobre, dans une proclamation, il exigeait des tribus la libération des prisonniers anglais et la comparution devant les tribunaux des sauvages coupables du meurtre de colons.

Les indigènes y répondirent en mettant Sheepscott à feu et à sang. Ils se présentèrent ensuite devant Kennebunk, où ils massacrèrent plusieurs personnes.

En novembre, Andros recrutait 700 miliciens qu’il affectait aux frontières. Falmouth reçut soixante hommes commandés par le capitaine Lockhart et Pemquid, trente-six sous le commandement du capitaine Anthony Brockhurst. Deux compagnies de soixante hommes chacune, sous les capitaines Tyng et Minot, devaient appuyer ces