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LE BARON DE SAINT CASTIN

Mugg appartenait à la tribu des Androscoggins, mais, dès le début des hostilités, en 1676. il s’allia à Madokawando. beau-père de Saint-Castin, dont il reconnaissait l’autorité suprême. C’était un merveilleux agent d’exécution. plein d’allant et de ressources.

Henry Jocelyn commandait le blockhaus de Black-Point, où les colons s’étaient réfugiés à l’approche des sauvages. Mugg, songeant à s’emparer de tous sans tirer un coup de feu, attira Jocelyn au dehors pour les négociations. Rentré dans le fort, le commandant s’aperçut que, à l’exception de sa famille et de ses serviteurs, tout le monde s’était enfui en canot. Jocelyn se rendit immédiatement à Mugg qui le traita avec beaucoup de bienveillance, en considération des bontés que cet Anglais avait eues pour lui auparavant. Le chef indien mit une garnison dans le blockhaus, lequel servit ensuite de base à ses opérations. Ce mode de guerre, contraire aux habitudes des sauvages, leur était inspiré par l’énigmatique Français de Pentagoët.

Avec une partie de sa troupe, et des renforts qui lui étaient arrivés, Mugg se précipita vers l’île Richmond, refuge des gens de Black-Point. Il s’empara d’un navire, ainsi que de tous les colons réfugiés dans l’île.

L’audace des Indiens s’accrut. Plusieurs groupes se lancèrent sur le sentier de la guerre. Ils paraissaient partout à la fois. Dans les champs, dans les blockhaus, dans les villages, les Anglais redoutaient sans cesse l’apparition des guerriers rouges. Wells et Cape-Neddock subirent des assauts particulièrement meurtriers.

Les colons des rivières Sheepscot, Konnébec et Sagadahock se réfugièrent à Salem et à d’autres endroits éloignés de Pentagoët.

La campagne se termina par un incident dont les Anglais n’apprécièrent pas le haut comique.

Apprenant une nouvelle expédition de Syll et Hawthorne, Mugg, dont l’esprit fourmillait de ruses, leur fit connaître le départ fictif d’un groupe important d’indiens pour le fort d’Ossipee, situé loin du théâtre des hostilités. Les deux capitaines s’y dirigèrent lentement, par une route difficile au bout de laquelle ils trouvèrent un fort vide, où les Abénaquis n’avaient jamais mis les pieds. Mugg s’était débarrassé de ses ennemis à bon compte. Pour leur malheur, Syll et Hawthorne le comprirent trop tard. Croyant les sauvages au bord de la mer, près d’Os-