Page:Daviault - Le Baron de Saint-Castin, chef abénaquis, 1939.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
BERNARD-ANSELME DE SAINT-CASTIN
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

De nouveau aux abois, les colonies lancèrent le colonel Hilton à la poursuite des Peaux-Rouges. Ils étaient insaisissables, ils devenaient un cauchemar. Quand, au début de l’hiver 1707, Hilton en tua quatre et s’empara d’une squaw, l’exploit fut considéré comme un triomphe, s’il faut en croire Belknap (p. 341).


Dudley, attendant des secours de l’Angleterre, hésitait à se porter contre Port-Royal ainsi que son conseil le lui demandait. D’un autre côté, abreuvé d’injures, accusé sans doute avec raison d’entretenir un commerce clandestin avec les Français, il n’osa pas, écrit Charlevoix, accepter la neutralité que les autorités acadiennes lui avaient proposée.

« Les cris des habitans qui ne pouvoient cultiver leurs terres, ou qui les voyoient tous les jours ravagées par les sauvages, l’inquiettoient beaucoup et il crut que le meilleur moyen de faire cesser les hostilités qui en étoient le sujet étoit de chasser entièrement les François de l’Acadie ».

Il réunit mille hommes, divisés en deux régiments commandés par les colonels Wainwright et Hilton. Tout le monde s’embarqua à Nantasket dans vingt-trois transports, escortés de deux navires de guerre sous le commandement des capitaines Stuckley et Southack. Le colonel March commandait en chef.

Depuis quelque temps, les dirigeants de l’Acadie attendaient une attaque, bien que, aveugle volontaire, le ministre eût écrit à Des Gouttins en 1706 : « Les Anglais n’exécuteront pas leurs menaces contre l’Acadie ». Dudley, en tout cas, avait poussé avec une telle diligence ses derniers préparatifs que les gens de Port-Royal furent stupéfaits, quand, le 6 juin, vingt-quatre navires, dont le plus puissant portait cinquante pièces de canon, parurent devant la capitale de l’Acadie. Le lendemain, 1 500 hommes débarquaient du côté du fort et 500, près de la rivière. (Ce sont les chiffres de Charlevoix, qui ne concordent pas avec ceux des chroniqueurs anglais.) Subercase 4 résolut d’arrêter l’ennemi dans les bois. « Il semble, écrit Charlevoix, qu’il y ait eu une espèce de fatalité attachée au Port-Royal, pour que ses gouverneurs, même les plus vifs et les plus vigilants, y fussent toujours pris au dépourvu ».

Dans Pentagoët, Saint-Castin avait appris le départ de l’armée bostonnaise. Tout de suite, il se mit en route, mais il arriva après le débarquement. Incapable de join-