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LE BARON DE SAINT-CASTIN
des villes, toute l’Europe en est témoin, mais nous ne savons pas si bien établir des pays.

Nous n’avons en cela jamais fait de jaloux.
        Ce n’est point là notre génie.
        En matière de colonie.
Les autres l’emportent sur nous ».


De son côté, La Hontan notait avec grand bon sens : « Si les Français leur donnaient (aux sauvages) à meilleur marché les nécessitez de la vie, les armes et la munition, etc., ils n’iraient pas souvent aux colonies anglaises ».
Dans son mémoire de 1702 contre Brouillan, M. de la Touche écrit : « Les habitants seraient plus nombreux si on les avait laissé prendre ailleurs ce dont ils ont besoin. Le dessein de leur fournir et de les maintenir est quelque chose de beau, mais comme il n’a encore jamais été mis en usage à leur égard, il n’a servi que d’un rideau funeste pour empêcher la Cour de voir et de guérir l’état languissant de cette chétive colonie, pourtant belle ». On empêche tout commerce des habitants, ajoute-t-il, et on leur vend à des prix exorbitants… « De tous temps l’avidité des commandants de La Cadie a porté préjudice aux habitants de la colonie ».


Les relations commerciales entre la Nouvelle-Angleterre et l’Acadie, comme la rivalité des Français et des Anglais dans ce coin, remontaient loin. Elles avaient trait d’abord à la pêche.

La molue constituait la richesse principale de l’Acadie « Cette pêche est un Pérou », écrivait l’intendant de Meulles en 1683. Aussi la France voulut-elle se l’assurer. Dès 1682, se fondait une « Compagnie de la pêche sédentaire sur les côtes de l’Acadie », sous la présidence du marquis de Chevry et la direction effective d’un huguenot de La Rochelle, Bergier des Hermeaux.

Cette compagnie entrait en opposition avec les Bostonnais qui, malgré les interdictions, avaient toujours pêché sur ces côtes. En 1676, Edward Randolph écrivait : « Les Bostonnais font avec les Français et les Indiens un commerce clandestin et continuent ouvertement la pêche sur les côtes de l’Acadie en dépit des interdictions du gouverneur français ». Grandfontaine avait conclu avec Temple un traité aux termes duquel aucun Anglais ne se livrerait à la traite ni à la pêche en Acadie sans un congé du gouverneur de cette colonie. La Vallière imposait aux Bostonnais un droit de pêche de 5 livres par barque. Bergier et Le Borgne saisissaient leurs embarcations. Mais les sanctions n’étaient pas appliquées avec