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LE BARON DE SAINT-CASTIN
glais, comme ils ont fait depuis, y estant arrivé un vaisseau que le sieur de St-Castin ny les habitans n’ont pas voulu mener dans la rivière St-Georges, ny montrer les beaux bois, disant qu’ils ne les connaissaient point, pas mesme dans Pentagoët où il y a de très belles chesnières, se regardant comme les propriétaires de Pentagoët » 8.
M. de Villieu écrivait aussi au ministre, le 20 octobre 1700 : « Les particuliers ne font pas attention à la défense de commercer avec les Anglais, particulièrement le sieur de Saint-Castin qui demeure parmi les sauvages à Pentagoët et dont le bastiment est actuellement à Boston où il a porté pour environ mille escus de pelleteries qu’il doit convertir en marchandises propres pour les sauvages, à qui il fait entendre que celles de France ne sont pas d’une meilleure qualité et que la compagnie et les Français les leur survendent. Cette fausseté ne laisse pas de produire un très mauvais effet dans leur esprit et si Votre Grandeur ny donne ordre en le faisant passer en France, il est à craindre que cela n’ait quelque suite par le crédit qu’il s’est acquis sur ces pauvres misérables qui dès cette année ont refusé les présens que le Roy leur envoyatt sur ce qu’ils n’étaient pas assez considérables ; le missionnaire et luy agissent de concert en toutes choses » 9.

Dans la même lettre, Villieu demandait la succession de Villebon, d’où l’on doit conclure que son excès de zèle s’inspirait de mobiles bien intéressés. Le même Villieu montrait davantage l’oreille dans une lettre du 12 octobre 1701 au ministre. On l’avait indignement calomnié auprès de la Cour, prétendait-il, en racontant que les sauvages avaient refusé, près de Pentagoët, de traiter de l’eau-de-vie avec lui. Jamais, affirmait-il, il ne s’était livré au commerce. Il demandait une enquête à Brouillan (successeur de Villebon), mais le gouverneur se moquait (persuadé sans doute que les calomniateurs avaient raison). Villieu était coutumier de ces tactiques. Le ministre n’écrivait-il pas à Champigny, le 16 avril 1695 : le sieur de Villieu ne paraît se plaindre de M. de Villebon que pour faire diversion aux accusations contre lui, affaiblir son lien de dépendance et faire plus librement un commerce illicite en alliance avec son lieutenant et les trois frères D’Amours ? À Villieu même, il faisait connaître, le 24 mars 1696, l’intention du roi que cet officier retourne au Canada, après l’expédition de Pemquid, attendu qu’il n’a pas su se ménager l’amitié de M. de Villebon et qu’il a fait du commerce ; n’était ses services il serait cassé. Ainsi, comme autrefois avec Perrot, Saint-Castin souffrait des accusations d’un rival dans le commerce des pelleteries.

Vers le même temps, Tibierge écrivait dans son journal : « Alain et ceux qui sont venus avec lui assurent