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IBERVILLE ET SAINT-CASTIN

Nouvelle-Angleterre, mais dont le commandement suprême aurait été assuré par M. d’Iberville. Lagny ajoutait que si ce dernier devait plutôt monter à la baie d’Hudson, le baron de Saint-Castin commanderait les troupes de terre et qu’on trouverait un autre commandant pour la flotte 33.


Frontenac prépara le grand coup.

Dès l’arrivée de Vincelotte avec les premières dépêches de la Cour, écrivait-il le 15 octobre 1697, « nous n’avons pas perdu un moment pour mettre Québec en état de faire une vigoureuse défense, si nous y étions attaqués, et pour préparer tout ce qui nous était nécessaire pour aller joindre l’escadre de Mr  le marquis de Nesmond (…) Toutes choses étaient si bien arrangées que huit jours après avoir reçu des nouvelles de Mr  le marquis de Nesmond, j’aurais pu me mettre en marche pour me trouver au rendez vous qu’il m’aurait donné, et je me sentais même assez de force et de santé pour pouvoir être de la partie ; car je crois. Monseigneur, que vous ne doutiez pas de ma bonne volonté ».

Mais le 7 septembre, arrivant avec la Gironde, l’Amphitrite et des bateaux marchands, M. des Ursins apportait une lettre désolante du marquis de Nesmond, dans laquelle Frontenac apprenait « que la contrariété des vents avait rendu la traversée si longue qu’il n’y avait pas lieu d’espérer qu’on pût exécuter le projet dont il était chargé ». La déception fut grande. Tout était prêt, « les troupes étaient descendues à Québec, les Canadiens étaient commandés et les canots, vivres et munitions nécessaires pour l’entreprise étaient préparés pour partir au premier ordre ».

Nesmond était arrivé le 21 juillet à Plaisance, en Terre-Neuve, d’où Iberville était parti le 8, las d’attendre l’escadre de France. Des vents contraires lui avaient fait perdre deux mois en mer. Il avait dix vaisseaux de guerre : le Superbe, l’Heureux, le Bizarre, le Juste, le Téméraire, l’Aimable, le Courtisan, l’Excellent, le Fleuron et le Capable ; une galiote, la Bellone et deux brûlots, l’Imprudent et le Dangereux.

Ne trouvant pas d’Anglais à Plaisance, Nesmond cingla vers Saint-Jean. L’amiral anglais John Norris avait pénétré dans le port, manquant de justesse M. d’Iberville, à la tête d’une escadre de sept navires de ligne (de 54 à 70 canons), quatre frégates (36 à 44 canons), deux brûlots et deux galiotes.