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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE

Et la conquête ne leur avait coûté que deux blessés.

Ils quittaient l’île à regret, car elle offrait quelques compensations, si l’on en doit juger par cette parole de Beaudoin : « L’on ne peut rien voir de semblable à la vie abominable que mènent les Anglais de ces costes… L’ivrognerie et l’impureté y sont parmy les femmes mesmes, toutes publiques, et peu en sont exemptées, sollicitant mesme nos gens au mal ».

M. d’Iberville n’a pas atteint son objectif : se débarrasser des Anglais dans ce coin, avant de les chasser de la baie du Nord et d’ailleurs. Il se proposait aussi de s’assurer dans les pêcheries une source permanente de richesses, qui, jointes à celles de la traite au nord, lui eussent donné l’argent nécessaire à ses projets. Car ses voyages à Versailles lui ont appris à ne pas compter sur le trésor royal.

De façon indirecte, cependant, il a hâté le succès de ses plans : ne vient-il pas de démontrer qu’avec une poignée de Canadiens, comme il le proclame toujours, il peut tout entreprendre ? D’un autre côté, ses démêlés avec M. de Brouillan ont confirmé certaines de ses opinions. C’est, d’abord, que les Français sont inaptes, avant un stage d’adaptation, au service dans les bois de l’Amérique. C’est, ensuite, que les officiers venus de Versail-