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À LA BAIE D’HUDSON

— Ça aurait trop chauffé ? Vous craigniez pour votre petite sœur qui était à votre bord ? Quelle idée d’aller faire la guerre avec une femme !

D’Iberville se défend en alléguant qu’il ne disposait pas de forces suffisantes pour attaquer une place aux défenses déjà formidables, sinon tout à fait terminées, et protégée par un navire puissant. Il n’a pas voulu risquer son monde dans une entreprise inutile.

— Non, Monseigneur, je ne craignais pas. Qu’on me prête un véritable navire et je vous prendrai Pemquid. On ne m’accorde jamais que de petites corvettes, montées de quelques méchants canons et l’on voudrait me voir prendre des forteresses et des vaisseaux de haut bord ! Les miracles ne se produisent pas tous les jours !

L’année suivante, d’Iberville convoie encore la flotte de ravitaillement, de France au Canada. Mais il arrive trop tard aussi pour aller au nord. Nouvelle croisière sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre. Au printemps, il part enfin pour la baie d’Hudson.

L’année précédente, la baie avait été le théâtre de tragédies. Aucun navire ne venant, les privations, la misère, jointes aux effets désastreux de la solitude et de l’ennui faisaient perdre la raison au cuisinier et à l’armurier du fort Sainte-Anne. Le premier se jeta sur le chirurgien et sur le père