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À LA BAIE D’HUDSON

que. Ils tiennent conseil. Le Grand Agnier, commandant des sauvages, prend la parole :

— Où mes frères pâles vont-ils porter la hache de guerre ?

— À Orange, répond Sainte-Hélène.

L’entreprise est si hasardeuse, le souvenir de l’humiliation subie par les Français si vivace, que le Grand Agnier s’écrie dans un sourire :

— Depuis quand mes frères pâles sont-ils si hardis ?

Sainte-Hélène et Mantet répondent, en des discours fleuris mais énergiques, que les Français veulent effacer la honte de leur défaite ; pour y arriver, ils prendront Orange ou périront.

La petite armée se remet en route. Huit jours après, arrivant à la fourche des chemins de Corlaer et d’Orange, elle prend le premier sans mot dire. Le voyage devient trop pénible. Le dégel s’y mettant, ils marchent dans la neige fondante jusqu’aux genoux. Puis une tempête s’abat sur les hommes qu’elle couvre de glace. Après neuf jours de cette marche affreuse, le détachement rencontre une cabane où se trouvent quatre squaws. Les soldats se réchauffent devant un maigre feu, repartent avec les sauvagesses comme guides. Le lendemain soir, ils sont devant Corlaer. Les chefs ont décidé d’attaquer au matin. Mais un nouveau délai va épuiser le peu d’énergie qui reste aux hom-