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À LA BAIE D’HUDSON

M. d’Iberville n’est pas homme à perdre le bénéfice de conquêtes où il eut si grande part. Il veut garder son champ d’action. À l’été de 1687, il part donc à pied avec ses frères (il n’en a pas assez !), ne laissant aux forts que douze hommes avec un minot de blé-d’Inde à chacune pour toute pitance.

En octobre, il est à Québec, reçu en triomphateur. Il peut ajouter le récit d’un bel exploit à ceux dont M. de Troyes a régalé la colonie. Quelques semaines après le départ du chevalier, deux navires anglais, The Young et The Churchill, apparaissaient dans la baie. D’Iberville s’empara du Young, comme si de rien n’était. Cherchant à fuir, le Churchill se prit dans les glaces près de l’île de Charleston. Pierre y envoya quatre hommes : ce Le Moyne ne doutait de rien. Un des soldats dut revenir malade. Les autres furent surpris mais l’un d’eux s’échappa. Les deux prisonniers passèrent l’hiver, liés à fond de cale. Au printemps, le capitaine s’étant noyé à la chasse, le pilote fut bien embarrassé pour manœuvrer avec six matelots, malades de leur hivernement. Et ces Canadiens, si mal logés, n’avaient pas souffert de l’hiver ! Il en délia un, le moins vigoureux, pour aider à la manœuvre. À un moment où la plupart des Anglais étaient en haut des mâts, notre homme « sauta à une hache, dont il cassa la teste