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À LA BAIE D’HUDSON

core une fois, Sainte-Hélène alla en reconnaisance et vit un fort semblable aux premiers, mais mieux défendu. Ses gens étant affaiblis par le manque de nourriture, M. de Troyes voulut parlementer, mais n’obtint aucune satisfaction. Il exigea la libération de Jean Péré. Les Anglais lui répondirent qu’il était passé en Angleterre. Les soldats en étaient encore réduits à manger du persil de Macédoine : ils firent vœu de verser 40 sols chacun pour réparer l’église de Sainte-Anne à Beaupré.

D’Iberville arrive avec son bateau. Et nos gens de dresser les canons en batterie. Dès le soir, ils tirent deux coups sur l’appartement où le gouverneur soupe avec sa femme et le pasteur. Émeute et panique dans le fort. Mais les Français n’en savent rien. Le lendemain, jour de la Sainte-Anne, ils envoient 140 volées de canon. Les boulets manquent, ils crient « Vive le Roy » et se disposent à en fabriquer. Les Anglais crient aussi « Vive le roi ». Mais « il nous parut au ton cassé qu’ils estoient cachez dans une cave, ce qu’ils nous ont avoué depuis, et que le cri de Vive le Roy, dont ils nous avoient répondu, estoit pour nous faire connoistre qu’ils se vouloient rendre, n’estant assez hardys pour paroistre et aller oter le pavillon qui paroissoit sur un de leurs bastions ».

Surmontant leurs craintes, les assiégés s’emparent du tablier d’une servante dont ils font un