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À LA BAIE D’HUDSON

communique à la forêt. Le vent aidant, la petite armée voit son chemin coupé. « Nostre malheur parut inévitable lorsque le vent aïant changé poussa effroyablement ces tourbillons de flammes dans la longueur de nostre chemin de manière qu’il est aussi difficile d’écrire la peine que l’on eut de s’en garantir que de pouvoir bien exprimer la grandeur et la promptitude d’un si grand feu qui obligea ceux qui estoient à l’entrée du portage de se jetter dans leurs canots avec les poudres, et tout ce qui pouvoit craindre les approches du feu, qui s’estant mis plus au large à cause du peu de largeur du lac en cet endroit, se couvrirent eux et leurs canots de couvertes mouillées pour mieux résister aux flames qui passoient le plus souvent sur eux… Je me trouvé aux trois quarts du portage avec le P. Silvie, lorsque nous nous vîmes contraints à courir de toutes nos forces au travers le bois tout embrazé, dont le feu nous serra de si près qu’une manche de ma chemise fut brûlée ». Ils montent dans deux canots. « Le feu devint si furieux que les flames passoient comme un torrent par dessus nos testes, et allumèrent le bois de l’autre bord. C’estoit une chose bien triste de nous voir exposez entre deux si impitoïables élémens ». Ils échappent en revenant en face de l’endroit déjà brûlé.

Coïncidences curieuses. Le portage où éclata