d’Iberville s’attarde devant le feu de bivouac, quand les autres officiers sont couchés et bien après les hommes, assommés par la fatigue depuis longtemps.
On n’entend que le silence bruissant de la nuit forestière, coupé par le refrain monotone des gardes : « Sentinelles, veillez ! » Ce cri revient, à intervalles réguliers, délimitant avec netteté les périodes de silence. On le reçoit comme un rappel de la vie humaine perdue dans l’immensité de la vie végétale. Apaisement pour l’esprit oppressé par la puissance des forces inexorables qui s’enveloppent de ténèbres afin de poursuivre dans le secret leur œuvre jamais terminée. On finit par attendre ce cri, accordant à sa cadence le rythme de la pensée.
Ces sentinelles, le commandant les prend dans les troupes régulières, tant il craint le caractère intraitable des Canadiens. M. d’Iberville interrompt sa rêverie pour se dire que les capots bleus devront se plier à cette corvée. Il connaît si bien le défaut de ses compatriotes ! N’a-t-il pas lutté pour s’en corriger, au contact des officiers de la marine ?
Le silence reformant ses nappes après le cri des veilleurs, la rêverie reprend son cours. D’Iberville pense à Geneviève. Mais il repousse ces réflexions sans issue. Il songe plutôt à la gloire qu’il