à contrecarrer les plans de Pierre Le Moyne. Ducasse, mal renseigné sur les forces des Espagnols qu’il avait pourtant battus à la Vera-Cruz et ailleurs avec ses flibustiers, abondait dans le même sens. Les Espagnols, annonçait-il à Pontchartrain, pouvaient mettre sous les armes cent mille Blancs « sans une infinité des naturels du pays qui leur sont sujets ».
— Fables ! rétorque d’Iberville.
Et il compose un long mémoire pour le démontrer. Il le fait à sa manière, si peu commune de son temps, c’est-à-dire en se fondant sur les seuls faits constatés. Dans ce document, intitulé « Mémoire de la Coste de la Floride et d’une partie du Mexique » (ce qui fera dire à un historien que l’auteur en est un Canadien du nom de La Coste !), s’appuyant sur ses observations, sur les récits des déserteurs, des flibustiers ou des prisonniers français libérés, il rédige une description minutieuse du pays, de Pensacola au Vieux-Mexique, dénombrant les villages et les habitants. Ducasse se trompe grossièrement, peut-il ainsi établir ; les villages sont peu peuplés, mal défendus. Des endroits, d’où les Espagnols tirent beaucoup de piastres pour remplir leurs galions et devenus presque fabuleux en Europe, sont en réalité très faibles. Saint-Louis, où l’on raffine tant d’argent, n’a que 200 familles. Caouïl n’en a que 35 ou 40. Tam-