veau débouché au Mississipi, les jeunes gens s’y précipitaient, attirés au surplus par leur idole, d’Iberville. Les marchands du Canada protestaient, sous le couvert de l’intérêt général : « L’establissement de la descouverte que l’on a faite du Mississipy, par rapport à l’augmentation des bornes et de la grandeur de la France, a resjouy la colonie du Canada, lit-on dans un placet d’Aubert de la Chesnaye qui est un modèle d’hypocrisie. Cependant, Monseigneur, elle a aussi pris la liberté de vous dire dans ses précédens mémoires que c’est sa perte, par la désertion de ses meilleurs hommes et de toute sa jeunesse, qui, sous espérance d’une meilleure fortune, ont commencé de quitter leurs parens pour changer et aller audit establissement, surtout les libertins et coureurs de bois, qui, faisans banqueroute à leurs créanciers de Québec et Montroyal, ont tous porté leurs castors et autres pelleteries chez M. d’Iberville ». Cette lettre dévoile une tactique des négociants canadiens. Pour pousser leurs affaires, ils incitaient les jeunes gens à se pourvoir, à crédit, de marchandises pour la traite. Ils en exigeaient ensuite le paiement exact, même si le castor se vendait mal, et ils poursuivaient les malheureux en tout lieu. Ils les exploitaient honteusement, leur vendant les marchandises en monnaie du pays, mais leur
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À LA LOUISIANE