ne illusion sur le désintéressement des fournisseurs du roi ! En tout, il voit la réalité. C’est ainsi encore que, lorsqu’il demande « vingt ou trente filles pour les marier avec les Canadiens », il ajoute tout de suite : « qu’elles soient jolies ». Dieu lui pardonne ! il ne parle pas d’autres qualités.
D’Iberville évite les erreurs commises au Canada. En France, on considère trop les colonies comme des pays bons pour les gueux et les soldats. Il y voudrait des gens en mesure de se livrer à l’exploitation immédiate. En quelques lignes, il juge l’état d’esprit des Français à l’égard de la colonisation : « Des gens à l’aise en France n’y voudroient pas volontiers aller. Ce n’est pas le penchant des Français de quitter de si loin leur pays, quand ils y ont leurs commodités. Ce qui fait que nos colonies avancent si peu, c’est que l’on n’y envoye et il n’y va que des gueux pour s’y enrichir, qui y passent leur vie devant que d’estre en estat de faire des entreprises, et la colonie languit pendant ce temps-là. Il est à souhaiter qu’il n’en soit pas de mesme de celle de la Mobile, et que la France, en la mettant en estat, en tire promptement bien des choses dont elle a besoin et qu’elle tire des estrangers ». Par ces idées, il est bien en avant de