Moyne, voulant fonder solidement, ne flatte pas leur manie. Au lieu de leur décrire un Eldorado, il expose la vérité, et il écrira plus tard : « Je n’ay donné, les autres années, d’idées de ce pays-là qui puissent faire espérer de grandes richesses, ne faisant qu’entrevoir les choses et ne les connoissant pas assez ; pour m’avancer sur cela, et en dire ce que je ne sçavois pas et que personne ne sçavoit. Je crois qu’il estoit plus à propos d’attendre à en avoir plus de certitude, avant que d’engager le Roy à faire des despenses sur des idées et des connoissances mal fondées ».
Mais il a inspiré une telle crainte des Anglais que les commis concluent à la nécessité d’occuper la côte pour évincer les concurrents. C’est tout ce que demande notre homme ; là-bas, il fera ce qu’il lui plaira.
Malgré la fièvre qui ne le quitte plus, il repart à l’automne de 1701, avec Sérigny et Chateauguay, « qui est un jeune homme de vingt-quatre années, qui s’est adonné aux estudes et est le seul de tous mes frères qui n’a pas pris le party de la guerre ».
Il arrête à Pensacola, pour annoncer l’élévation du duc d’Anjou au trône d’Espagne. Mourant de faim avec tout son monde, le commandant Francisco Martinez ne peut discuter de la cession. D’Iberville n’insiste pas, constatant le peu d’avan-