vestir et garnir de tout M. Riola, qui s’estoit sauvé en veste, de l’équipage de M. d’Iberville, qui ne l’a seurement pas regretté ; bien au contraire, il a cru que je n’avois pas fait assez ; cependant j’ay prodigué son bien hardiment, estant bien persuadé de son bon cœur, et surtout dans de pareilles occasions, où il s’agissoit de faire honneur à la France ». Ricouart envoya chercher les marins naufragés. « Nous nous sommes dégarnis de ce que nous avions de meilleur pour revestir les autres infortunés, qui estoient encore plus à la légère que leur général, tellement que nous sommes arrivés en France avec un pauvre équipage ». Enfin, les Français firent reconduire les Espagnols à Pensacola, quand ils se furent reposés, avec trois mois de vivres. « Nous leur avons rendu le bien pour le mal, à quoy nous n’avons nul regret, si vous l’avez pour agréable ».
Ces bons traitements assurèrent la paix pour peu de temps, car les Espagnols « sont fort jaloux de ce que nous sommes icy, quoyqu’ils maudissent beaucoup le pays ».
Bienville rentre bientôt de son voyage au pays des Yatachés et remet à son aîné le journal qu’il en a tenu. Dans ces pages, d’Iberville retrouve l’accent de sa propre énergie : « Nous avons décampé au matin, et marché tout le jour, six lieues dans les bois et prairies et savanes, toujours dans