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À LA BAIE D’HUDSON

dra plus par le Canada ; c’est trop long et les Canadiens sont jaloux.

L’imagination d’Iberville prend feu. Du coup, l’officier de marine trouve mesquin son métier de courrier des dépêches. Traverser la mer n’est plus qu’un jeu. Aucune voile étrangère ne refuse le salut en réponse au coup de canon lancé pour s’assurer de ses intentions. On ne se bat même plus !

Pierre Le Moyne rêve de lointaines randonnées, de pays à découvrir. Mais, délaissant le récit des exploits, M. de La Salle lui ouvre d’autres horizons. Las de la contrainte qu’il doit s’imposer avec tous ; devinant en son jeune interlocuteur une âme de même trempe, l’explorateur dévoile l’intime de sa pensée. L’aventure, il l’aime, c’est pour elle qu’il a jeté le froc aux orties. Mais il tient davantage à faire œuvre durable. Peu à peu, il a compris le sens du continent immense qu’il parcourt par longues étapes. À tout le monde, ces pays apparaissent comme des terres d’exploitation, où l’on établira des postes aux points stratégiques pour en tirer des richesses à l’usage des vieilles contrées civilisées. Qu’il puisse s’y fonder une nation, personne n’y songe. Ne sont-ce pas pays inhabitables, sauf pour des malheureux qui crèvent de faim en Europe et qui, là-bas, au service des gens de naissance venus s’enrichir ou se cou-