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À LA LOUISIANE

allemand, en espagnol et en anglais), le triste personnage dépassait ces hyperboles dans sa dédicace à Guillaume où, moine catholique, il proposait à un souverain protestant la conversion des sauvages.

Dans cette édition, il ne craignait pas de s’attribuer le mérite de l’œuvre de La Salle, affirmant avoir descendu le fleuve en 1680, deux ans avant Robert Cavelier. Guillaume s’y laissa prendre. Il accorda une patente à deux gentilshommes qui, associés à trois capitaines de navires, devaient mener au Mississipi quatre compagnies de huguenots français, sous la conduite de Hennepin chargé de piloter les bateaux comme il s’en faisait fort. D’Iberville, voyant toujours dans l’Anglais l’ennemi irréductible, découvrit le projet et le dévoila au ministre. La France ne pouvait plus reculer. On y résolut de fermer l’oreille aux mauvais conseils de M. de Beaujeu qui, ayant abandonné La Salle en Louisiane, était revenu avec des histoires de croquemitaine pour donner le change sur son triste rôle.

Deux compagnons d’Iberville, le capitaine de Louvigny et d’Ailleboust de Mantet avaient offert de continuer le « grand ouvrage » de M. de La Salle « pour la gloire du Roy, facile par l’industrie des Canadiens et advantageux à l’une et l’autre France ». Ils voyaient bien, dans la ques-