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À LA BAIE D’HUDSON

Mais des colons y ont fondé des domaines, des familles, des fortunes que, manants, ils ne connaîtraient pas en France. Ils sentent confusément le besoin de créer un pays solide, une nation. D’Iberville est de ces Canadiens. Esprit clair, il exprime avec netteté ce que les autres conçoivent dans le vague. D’un courage moral et physique hors de l’ordinaire, il se sent de taille à entreprendre, seul, cette tâche de créateur d’empire, dont La Salle a déjà eu l’idée.

Ses derniers exploits vont lui servir, de façon indirecte, à réaliser ses plans. Sa campagne a fait grand bruit en France ; elle le met en vedette. Il devient un homme qu’on écoutera. Jean Bart ne devait pas sa fortune à de plus durs combats.

Ses randonnées ont mieux fait comprendre à Le Moyne que le nœud de la situation se trouve en Louisiane, comme La Salle le pensait. Là, opérant la jonction avec les Grands lacs, il lui sera loisible d’isoler les Anglais sur la côte de l’Atlantique. En outre, dans cette terre vierge, il ne se heurtera à aucun droit acquis. Il pourra la façonner à sa guise.

D’Iberville avait dit un adieu définitif à la baye du Deson, comme il écrivait avec son orthographe fantaisiste. Il ne devait pas non plus revoir le Canada. Désormais, loin des glaces du nord, il allait accomplir son œuvre dans le soleil du midi.