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À LA BAIE D’HUDSON

« Quand les matelots descendoient des hunes, ils tomboient roides de froid sur le pont », faute de linge et d’habits : tout avait sombré avec le Pélican. « Nous étions tous rongez de vermine, jusques-là que de nos scorbutiques qui étoient devenus paralytiques en moururent ». Le scorbut fait en effet de tels ravages parmi les marins que le commandant met des prisonniers anglais à la manœuvre.

Il faut voir comme La Potherie explique cette maladie : “« L’extrême froid et principalement la quantité prodigieuse de Nitre qui règne dans le Détroit, forment des sels fixes qui arrêtent la circulation du sang. Ces esprits si mordicans causent des acides qui minent petit à petit la partie à laquelle ils s’attachent, et le Chile qui devient visqueux, acide, salé et terrestre, cause l’épaicissement du Sang dont le mouvement circulaire se trouve interrompu… Le cerveau ne se trouvant plus humecté de ses douces influences, reçoit des vapeurs qui lui causent des délires, des transports, et la mort ensuite ». Et voilà pourquoi votre fille est muette !

Enfin, le 8 novembre, le navire arrive à Belle-Isle. « Grâces au Seigneur, je sors, monsieur, du plus affreux païs du monde. Je ne crois pas que l’on m’y ratrape, moi surtout qui suis né sous la Zone torride », assure l’honnête Bacqueville. Ce-