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reine et de ses sujets d’une part et de l’autre entre la civilisation raffinée dans laquelle elle avait été élevée et la sauvagerie du pays sur lequel elle était appelée à régner, se trouve la véritable cause de la tragédie qui devait conduire la belle Marie Stuart sous la hache de l’exécuteur.

À Édimbourg, tout était fait pour blesser Marie. Habituée qu’elle était aux raffinements, jeux et galantes façons des cavaliers de la Cour de France, elle ne put se résigner à rester entourée des sombres suppôts de Knox qui ne cherchaient d’ailleurs qu’à la prendre en faute. Elle voyait d’un œil favorable les Français restés auprès d’elle.

Chastelard s’ingéniait à l’égayer, par des chansons, par des vers de sa façon. Marie lui en sut gré, bien sûr. Quand il partit pour rentrer à Paris, peut-être lui exprima-t-elle sa gratitude par un sourire un peu plus appuyé, par une pression de main un peu plus forte qu’il n’est dans les habitudes des souverains. Notre fou y vit bien autre chose. Il quitta Édimbourg avec la délégation, apparemment calme, mais les feux couvaient en lui.

En France, les guerres de religion sévissaient. Étant protestant mais ne voulant pas rompre avec la Cour ni combattre ses coreligionnaires, Chastelard sollicita la permission de rentrer en Écosse. On la lui accorda aisément. Et Pierre courut à Calais : il ne devait plus revoir sa patrie.

Fanfaron, galant, spirituel et amoureux, Chastelard reparut à Holyrood. Déjà prise dans les mailles du filet, déchirée entre les intrigues de son demi-frère Murray et les brimades du Knox fanatique et rigide, Marie l’accueillit comme un souffle du printemps au milieu de l’hiver.