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cachait un mystère que l’éblouissant Bassompierre résolut de percer avant son départ. Il lui demanda donc un rendez-vous. Elle répondit : « Ce sera chez une de mes tantes qui se tient en la rue Bourg-l’Abbé proche des Halles, auprès de la rue aux Ours, à la troisième porte du côté de la rue Saint-Martin. Je vous attendrai depuis dix heures jusqu’à minuit ; je laisserai la porte ouverte. À l’entrée, il y a une petite allée que vous passerez vite, car la porte de ma tante y répond, et vous trouverez un degré qui vous mènera à mon second étage ».

La veille de son départ, Bassompierre se rend au rendez-vous. Arrivé à la maison décrite, il met la main sur la garde de son épée et cherche à ouvrir la porte. Elle est fermée. Il frappe du pommeau de son épée ; une lumière vacille au-dessus de lui et une voix rude lui demande ce qu’il désire. Sans répondre, il s’éloigne, puis refait le chemin parcouru, craignant de s’être trompé de porte. Cette fois, l’huis est ouvert. Trébuchant, il monte le degré qu’on lui avait indiqué : là-haut une lumière fumeuse l’appelle. Il pousse la porte d’une chambre et, raconte-t-il dans ses mémoires, « je trouvai que cette lumière était la paille d’un lit que l’on y brûlait, et je vis deux corps nus étendus sur la table de la chambre ». Les corps étaient des cadavres. Quant à la belle lingère, point de traces !

On a beau être soldat intrépide, la vue d’un tel spectacle ne laisse pas que d’impressionner. Bassompierre descendit l’escalier quatre à quatre, se croyant poursuivi par Belzébuth. Arrivé chez lui, pensant que les deux corps étaient ceux de pestiférés, il se fit chauffer du vin dont il avala de grands verres : remède souverain contre la peste qu’il avait