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fervent de la Fourchette, nommé Aignan, se fit élire à l’Académie. M. de Jouy, compagnon lui aussi de la fameuse société, prétendit que, pour remplacer Bernardin de Saint-Pierre, il ferait beaucoup mieux que M. Aignan. Celui-ci, vague dramaturge, était surtout un excellent courtisan. Comme il avait la manie d’emprunter des textes à d’autres auteurs, on disait qu’il pillait « à tort et de travers ».

Aignan fut élu, grâce à la faveur impériale. M. de Jouy voulut vider la querelle sur le terrain. Les amis de la « Fourchette » l’en dissuadèrent, mais il se vengea par de cruelles épigrammes.

M. de Jouy eut bientôt sa revanche.

Napoléon partit pour l’île d’Elbe, le roi rentra dans Paris. Aignan avait été élu grâce à l’intervention impériale et M. de Jouy n’avait pas joui des faveurs de Napoléon qui avait même interdit la représentation de sa tragédie Bélissaire y voyant des allusions favorables à Moreau. (Sous la Restauration, du reste, on crut y percevoir des allusions favorables à Napoléon, de sorte que la pièce ne fut jamais représentée.)

M. de Jouy avait plu au comte de Provence exilé, par sa série des Ermites (l’Ermite de la Chaussée d’Antin, l’Ermite à la Guyane, l’Ermite en province, d’autres encore). Devenu Louis XVIII, le prince s’avisa que ces publications amusantes pourraient servir contre ses détracteurs. Il fit donc entrer M. de Jouy à l’Académie, où il eut la réputation d’être l’une des plus complètes nullités académiques.

L’Académie ne se transformant pas assez vite, au gré du nouveau monarque, il destitua les régicides et autres académiciens suspects, afin de nommer plusieurs de ses amis. L’Académie devint un cercle