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Dans cette solitude effrayante pour des souverains, le couple sentait parfois la nécessité d’une présence étrangère. Alors il faisait appel à des êtres fantastiques qui ne se recommandaient que par un mysticisme dévoyé et dont le dernier en date fut le sinistre Raspoutine.

Le premier fut un nommé Klopov, qui voulait devenir le « sécheur de larmes » impérial de Nicholas II. Son but était de parcourir l’empire pour redresser tous les torts. Le tsar s’y laissa prendre. Il donna à Klopov 300 roubles et un papier écrit de sa main enjoignant à toutes les autorités russes d’accomplir tout ce que Klopov exigerait d’elles. Armé d’un tel pouvoir, l’homme s’en alla par l’empire, ouvrant les prisons, abrogeant des lois, causant un indescriptible tohu-bohu jusqu’à ce que les ministres eussent enfin fait comprendre à l’empereur la nécessité d’abroger les pouvoirs conférés au petit propriétaire foncier Klopov.

Witte le puissant ministre, méprisait le tsar qui « cherchait toujours des chemins détournés et, par ces chemins détournés, arrivait toujours au même but : un sale bourbier ou une flaque de sang ».

Le couple impérial alla jusqu’à s’engouer d’un ancien boucher lyonnais devenu spirite pour augmenter ses revenus. Le boucher-spirite de Lyon vint à la cour moscovite où on le combla d’honneurs, qu’il sut exploiter comme il convenait.

Cela ne suffisait pas encore. Nicholas dénicha une espèce d’ermite qui venait de mourir. Sur la foi de vagues racontars, il s’imagina que cet ermite, du nom de Séraphime, intercéderait si bien dans le ciel qu’il ferait naître le fils attendu vainement par le couple impérial qui n’avait encore que quatre filles.