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teur de la Libre Belgique qui le gagna à sa cause. Alors, les agents de l’Intelligence Service décidèrent de le circonvenir. Ils y arrivèrent et lui demandèrent enfin le code diplomatique.

Il aurait pu enlever le lourd volume à couverture de plomb dont il se servait pour les transmissions ou réceptions. Mais il importait de ne pas éveiller les soupçons pour que le code serve toujours. Szek en entreprit donc la copie, durant ses heures de garde, la nuit. Les Allemands eurent-ils vent de sa trahison ? On perquisitionna chez lui et on lui enjoignit de ne pas sortir de la province de Brabant, sous peine de mort.

Quand il eut copié le code et un grand nombre de ses combinaisons, il songea à faire parvenir le fruit de son travail en Angleterre. Les patriotes belges, admirablement organisés, lui procurèrent de faux passeports et des guides qui lui firent franchir la frontière hollandaise. Il arrivait en Hollande le 15 août 1915.

Là on perd sa trace. Son père s’efforça, après la guerre, de se renseigner sur son sort. Mais en vain. Aujourd’hui encore, le malheureux père poursuit ses recherches sans succès. Pourtant, le fameux code, remis au major Oppenheim en Hollande, parvenait à Londres quelques jours après. À Londres, aujourd’hui, on feint même d’ignorer le nom d’Alexandre Szek. C’est qu’on voulait à tout prix éviter une indiscrétion pour éviter en même temps que la Wilhemstrasse change son chiffre.

Et, pendant une guerre, n’y a-t-il pas intérêt, parfois, à supprimer à propos une vie humaine (alors que la vie humaine a si peu de valeur) pour sauvegarder des intérêts supérieurs ?