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comme en Amérique, mais son ascendant ne faisait que grandir en Égypte. Fort étrangement, le gouvernement anglais ne songeait pas à s’en inquiéter, persuadé que la route du cap de Bonne-Espérance serait toujours la meilleure. Vint Napoléon Bonaparte.

Charles Magallon, consul général de France en Égypte, envoyait dépêche sur dépêche pour démontrer la nécessité de posséder l’Égypte, du point de vue commercial. Il convainquit si bien Talleyrand que le Directoire le manda à Paris. Magallon présenta un mémoire qu’il terminait par ces mots : « Quand la République française régnera au Caire et par conséquent à Suez, peu importe qui aura le cap de Bonne-Espérance ». Le Directoire décida d’envoyer une armée en Égypte, sous le commandement du général Bonaparte. Ses instructions renfermaient ces mots : « L’armée d’Orient prendra possession de l’Égypte. Le commandant en chef… fera percer l’isthme de Suez ». À cet effet, des savants, entre autres Lepère, accompagnaient l’expédition. Lepère se livra à des études approfondies et conclut à l’impossibilité du projet, à cause de la différence des niveaux. Mais d’autres ne partageaient pas son avis. La paix d’Amiens mit fin au projet, mais la France continua de s’y intéresser.

La secte des Saint-Simoniens, tellement chimérique par certains côtés, entretenait par ailleurs des idées fort pratiques, entre autres celle du percement de l’isthme de Suez. Ils formèrent la Société d’études du canal de Suez, qui ouvrit la voie à l’entreprise de Lesseps. Leurs ingénieurs, Negrelli, Stephenson et Talabot, poussèrent les études fort loin. On reconnut, surtout, la fausseté de la différence des