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quinze ans en Russie. Son succès fut foudroyant dès le début.

Cependant, les journalistes l’avaient reçue avec méfiance. Blumenfeld, invité à déjeuner pour la rencontrer, avait d’abord décliné l’invitation. L’hôte insistant, en excellent snob qu’il est, il accepta parce que des personnages déjà cotés devaient s’y trouver. À la fin du repas, Pavlova, très gentiment, lui offrit sa photo, une immense carte de deux pieds de hauteur qu’elle autographia. Le journaliste l’oublia volontairement dans le fiacre qui le ramenait à son journal. Un mois après, on se serait battu pour l’obtenir !

Ne cherchez pas de transition entre Pavlova et le multi-millionnaire, fondateur des bibliothèques publiques aux États-Unis. Le seul lien visible, entre eux, est que tous deux appartiennent à l’époque qui nous intéresse.

Carnegie se rappelait ses modestes origines. Se promenant dans les rues de Londres avec un ami, celui-ci lui demanda de l’accompagner chez un orfèvre où il voulait acheter un cadeau pour des amis dont on allait fêter les noces d’argent. L’ami acheta un vase à roses qu’il paya douze livres. Quand ils sortirent du magasin, Carnegie dit à l’autre : « Pourquoi n’avez-vous pas dit au commis que le vase est trop cher ? » — « N’importe, il fallait essayer de l’avoir à meilleur compte. » — « Nous n’étions pas dans un bazar du Caire où le marchandage est de règle ; nous sortions de la boutique du plus grand orfèvre de Londres. » — « Il est évident, dit Carnegie, avec un sourire de supériorité, que vous ne savez pas acheter, même à Londres. » Quelques minutes plus tard, à son tour, Carnegie